compositrices, musiciennes françaises

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 Legras Catherine, Louise Farrenc, compositrice du XIXe siècle : musique au féminin. Paris ; Budapest ; Torino ; L’Harmattan, 2003, 225 p.

Cette analyse de la vie et l’œuvre de Louise Farrenc semble un peu trop orientée en faveur de la musicienne. Par exemple, le chapitre « Les difficultés au Conservatoire » comprend un tableau récapitulatif des rémunérations de 1815 à 1875, suit la copie d’une lettre de Louise Farrenc, devenue professeur en 1842, au salaire de 1000 francs, réclamant une augmentation « à l’égale de ces messieurs ». S’appuyant sur ce tableau, la conclusion de la biographe « Force est de constater que, justement à la suite de cette demande, Louise Farrenc obtient le même salaire que ses collègues ». Cette conclusion paraît incomplète1. En effet, la musicienne n’exige pas un salaire égal mais très supérieur à celui de ses confrères et consœurs. En effet, dans le tableau, dressé par l’auteur, pris en référence, ni les diplômes, ni l’âge, ni l’ancienneté, ni l’expérience, ni les résultats pédagogiques ne sont mis en regard. Par ailleurs, face aux 46 rémunérés en 1845, ne sont pas évoqués les 25 enseignants, femmes et hommes, n’ayant aucun salaire !

Madame Farrenc, est la seule enseignante n’ayant été ni élève, ni récompensée, de l’illustre école formatrice de l’élite ! A titre de comparaison : Henry Duvernoy, né à Paris en 1820, avec les premiers prix du Conservatoire de solfège (1833), de piano (1838), d’harmonie (1839), de fugue (1841) et d’orgue (1842) a été nommé professeur adjoint de solfège en 1839, il ne recevra un salaire de 600 francs qu’à partir de … 1850 ! Autre cas : le célèbre Marmontel Antoine, né en 1816, premiers prix de solfège (1828), de piano (1832), et second prix d’harmonie et accompagnement (1832) puis de fugue (1835) devient professeur adjoint de solfège en 1837, ne sera salarié qu’en 1845 pour 300 francs ; en 1850, seulement, il sera nommé professeur de piano avec des résultats pédagogiques nettement supérieurs à sa collègue, mais avec le même salaire qu’elle. Côté femmes : mademoiselle Marie Mazelin (Madame Coche), née à Paris en 1811, trois premiers prix du Conservatoire, solfège (1826), piano ainsi qu’harmonie et accompagnement (1829), devenue enseignante, en 1829, restera toujours professeur adjoint de piano et touchera 300 francs, mais pas avant … 1855. Klotz Emilie, née en 1818, avec ses deux premiers prix, attendra, elle aussi, 1855, pour se voir indemnisée.

Les résultats des élèves de Louise Farrenc, sont à l’image de ceux de sa propre fille Victorine, prétendue précoce, dans ce livre. En réalité, entrée dans la classe de sa mère, l’année de son ouverture (1842), elle décroche, en tout, un seul premier prix, celui de piano, à l’âge de 18 ans ; par comparaison mademoiselle Leplanquais, née en 1826, a obtenu la suprême récompense en solfège (1838) et en piano dès 1842, soit à 16 ans. Louise Massart, élève de madame Coche pour le piano, obtint son premier prix à 13 ans, elle succéda à Louise Farrenc au décès de cette dernière.

Dans ces conditions, nomination, salaire, récriminations, résultats pédagogiques de Louise Farrenc auraient dû être mis en cause. . Par ailleurs, sa collaboration avec les hommes, le plus souvent pour son intérêt personnel, n'est pas évoquée.

1. Dans ma thèse de 1973, j’avais déjà démontré le peu de scrupules de la musicienne vis-à-vis de ses collègues mieux formé(e)s, pourtant, depuis lors, plusieurs écrits citent la récrimination totalement injustifiée de Louise Farrenc, sans aucun étonnement : Musique et différence des sexes de Françoise Escal, l’Harmattan, 1999 (voir page 85)// Hommage à Louise Farrenc (1804-1875), Exposition dans la salle de lecture du Département de la Musique de la Bibliothèque Nationale du 10 mai au 4 septembre 2004 (page 6)//Le Pari des compositrices, Association Femmes et musique avec le soutien de la Mairie de Paris, 2006.

 

 




 
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