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Afin de répondre au souci de vérité historique, les faits doivent être replacés dans le contexte de chaque époque, ainsi le Conservatoire national de musique, créé en 1795, a pour origine la fusion d’une petite Ecole mixte de chant, avec les nombreux musiciens hommes de la Garde Républicaine ; ceux-ci sont astreints à défiler, se produire dans toutes les manifestations civiques, éventuellement être envoyés sur les champs de bataille. En conséquence, les femmes restent, plus ou moins, exclues de ces études, en particulier des instruments à vent. Par ailleurs, jusqu’au milieu de XXe siècle, l’homme ayant, seul, la responsabilité matérielle du foyer, la musique est, pour lui, une possible source de revenu ; pour le sexe féminin, l’art des sons est, alors, considéré comme un passe-temps. Autre différence, due aux mœurs, comme dans toute école, étudiantes et étudiants du Conservatoire ne se retrouve pas dans la même salle et ne suivent pas les mêmes cours ; par ailleurs, la crainte de voir les étudiants entreprendre leurs enseignantes, oblige les directeurs à ne pas admettre de professeurs femmes dans les sections d’hommes1. Parfois les concours ne sont pas identiques, parfois ils sont communs (exemple, en orgue). Néanmoins, dès 1822, les demoiselles ont eu la possibilité d’accéder aux épreuves de composition instrumentale du plus haut niveau, mais seront très peu nombreuses à les solliciter ; en ce domaine, certaines réussites féminines surpasseront les résultats masculins, sans donner, pour autant, les fruits attendus. Le Conservatoire n’est d’ailleurs pas le voie obligatoire pour se former. Berlioz, malgré l'opposition farouche de sa famille à sa vocation, y devint un tardif et très bref étudiant-auditeur, il n'y a obtenu aucune récompense ; il a pourtant décroché le Grand Prix de Rome, lequel n’était pas décerné par cette institution, un concours où les femmes n’auront pas accès avant le XXe siècle. Toutefois, elles ont eu la possibilité de présenter au public des œuvres instrumentales ou vocales d’importance, voire des opéras ; 550 ont publié leurs œuvres.
Les représentations iconographiques, les articles de presse, et autres témoignages de l’époque, sont, tantôt très acerbes, tantôt très flatteurs vis-à-vis de certaines compositrices ou autres contributrices à l’Art - souvent en fonction de la fortune des intéressées - aussi convient-il de vérifier sur pièces, ou par recoupements, le bien fondé des assertions.
Signe des temps et des mœurs, vers 1950, dans les écoles primaires et collèges de l’Education nationale, ce sera l’inverse, les hommes ne pourront professer dans les classes de jeunes filles …
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