compositrices, musiciennes françaises

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 Faut-il dire compositeur femme ou compositrice ?

Jusqu’au début du XXe siècle, officiellement, le féminin n’existait pas pour cette corporation. Toutefois, dès les années 1780, à propos d'une œuvre lyrique jouée au Théâtre-Italien, un chroniqueur écrivait : "Les trois quarts de cette réussite appartiennent aux talents de la compositrice de musique". En 1847, la Revue et Gazette Musicale faisait paraître deux articles, de J.A. Lenoir de Lafage, concernant "Les Femmes compositeurs" dans lesquels il suggérait l'utilisation de "compositrice". Car, durant le XIXe siècle, au Conservatoire de Paris, des femmes participaient à des épreuves d’écriture instrumentale, du plus haut niveau, et l'emportaient parfois sur les hommes ; par ailleurs, de multiples partitions, en tous genres, étaient jouées et imprimées, certaines de très grande valeur, voire géniales, mais toujours méconnues, faute de diffusion. Des œuvres lyriques ont même été représentées à l'Opéra, à l'Opéra-Comique, voire dans les salons de l'Hôtel de Ville de Paris.

L'année 1904, en raison du nombre important de femmes créatrices, dont une lauréate Premier Grand Prix de Rome, l'Académie Française acceptait le féminin "compositrice" 1.

Par paradoxe, la plupart des (rares) ouvrages récents consacrés à des musiciennes et rédigés par des femmes n'emploient pas « compositrice » dans leur titre : Elisabeth Jacquet de La Guerre (1665-1729) : claveciniste et compositeur, de Catherine Cessac. Paris, 1993 ; Elisabeth Jacquet de La Guerre : une femme compositeur sous le règne de Louis XIV, de Catherine Cessac. Actes Sud, 1995 ; Mel Bonis : femme et compositeur, de Christine Géliot. l'Harmattan, 2000 ; Augusta Holmès ou La gloire interdite : une femme compositeur au XIXe siècle, de Michèle Friang. Editions Autrement, 2002.
Très curieux aussi, L’Accès des femmes à l’expression musicale2 paru en mars 2005. Ce volume rassemble les textes d’un colloque tenu à Paris en 2002, d’une vingtaine de personnes de sexe féminin, entre autres, comprend, en tout, à peine une dizaine de fois « compositrice », mais trois fois « femme compositeur » (pp. 45, 61, 149) et, plus surprenant pour certaines universitaires, trois fois le pléonasme « femme compositrice » (pp. 7, 14, 33) ; on y trouve également un article de « L’Union des Femmes Professeurs et Compositeurs de musique », fondée en 1904.

Mais que pensent les intéressées elles-mêmes de la féminisation ? Lors de l'émission radiophonique "Ouvert la nuit" du 20 mai 2005, sur France Musiques, à la question d'Olivier Bernager :"Vous acceptez que je dise compositrice ou compositeur ?" Graciane Finzi répond : "Je trouve que compositeur est beaucoup plus beau que compositrice" … À bon entendeur(e) … et elle n'est pas la seule dans ce cas. L'emploi de "peintresse" pose un autre problème. Mon épouse, sous le pseudonyme neutre de Crilou, a toujours préféré la dénomination "d'artiste peintre" considérant que la féminisation de peintre peut prêter à confusion avec le métier qui concerne celles et ceux chargés de la peinture d'une maison.

1. Voir VILCOSQUI Marcel Jean, La Femme dans la musique française sous l'Ancien Régime. En avant-propos : les Musiciennes à l'orée du XXIe siècle. Editions du Panthéon, octobre 2001.
2. Sous la direction de Anne-Marie Green et Hyacinthe Ravet, 280 pages. L’Harmattan
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